« Il y a une bonne
magie et une mauvaise magie ». Beaucoup de gens disent cela,
vous l’avez déjà entendu.
Sous-entendu : il y a une magie pour faire du bien, et une autre pour
faire du mal.
Et aussi : ne vous posez pas trop de questions, ces gens font de la
bonne magie, puisqu’ils soulagent des souffrances et guérissent des
maladies.
Même des médecins envoient des gens chez eux. Même des prêtres et des
religieuses ont un pendule ou font du magnétisme… Alors, où est le
problème ?
D'où vient la magie ?
Dans le vieux fonds commun à toutes les civilisations traditionnelles,
la « nature » est perçue comme un grand tout, où les esprits invisibles
sont mêlés aux manifestations sensibles de la vie. Avant même
l’émergence des grandes religions traditionnelles, l’homme va se situer
de deux façons différentes par rapport à ces réalités invisibles :
- soit il leur rend un culte de
respect et d’adoration, tout en cherchant à se les concilier
par des prières, des offrandes et des sacrifices : c’est
la religion païenne;
- soit il s’efforce de mettre la main
sur ces forces mystérieuses afin de les manipuler selon ses besoins et
ses désirs : ce sont les rituels de
la magie.
Nous rencontrons deux formes de magie
La magie MANIFESTÉE (magie noire) consiste
à invoquer Satan, par des « rites ou rituels magiques »
pour obtenir pour soi : le succès, la réussite, la santé, l’argent;
- et souvent pour faire du mal à d'autres, pour leur nuire.
La magie CAMOUFLÉE (magie blanche)
consiste à invoquer Dieu, la Trinité, la Vierge Marie, les Saints (vrais
ou faux), en prétendant mettre la main sur la puissance divine. Les
« formules » recherchent la guérison, la préservation des difficultés,
la puissance, la réussite …
MAIS IL N’Y A QU’UNE SEULE MAGIE, sous
deux formes : ouvertement satanique, la magie noire; masquée
sous des habits religieux et charitables, la magie blanche.
Le rite magique est souvent composé d'une invocation (formule), et
éventuellement d'un geste particulier.
La magie noire s’adresse à Satan, au diable et aux démons. Ce n’est pas
compatible avec le baptême chrétien.
Mais dans le cas de la magie blanche, on semble s’adresser à Dieu par
l’intermédiaire des saints. Là se trouve la TROMPERIE et le PIÈGE dans
lequel tombent la plupart des gens. En
fait, le rite de magie blanche aboutit aussi au démon, car on ne met
jamais la main sur Dieu.
Il suffit d’examiner à nouveau la formule marmonnée pour conjurer les
brûlures :
« Feu, feu, feu, je te conjure de perdre ta chaleur, comme Judas
perdit sa couleur en trahissant Notre Seigneur».
Comportement religieux et comportement
magique
Traçons schématiquement la différence entre la prière chrétienne et la
magie
La
prière chrétienne
La
magie blanche (camouflée)
La
magie noire (manifestée)
S'adresse à Jésus, au Père, à l'Esprit Saint
Invoque des saints, vrais ou faux
(Judas)
Appelle Satan et les démons
Implore et accueille, demande (humilité)
Prend, s'approprie, conjure, commande (orgueil)
Par des rituels sataniques appropriés
Résultat soumis à la
volonté de Dieu
Que ta volonté soit
faite
Résultat automatique et
immédiat
Que ma volonté soit
faite
Obtient des choses extraordinaires pour soi
ou accomplit des maléfices contre les autres
Dieu répond sur la terre ou au ciel, à sa façon, souvent
autrement que notre demande, souvent aussi longtemps après.
Le démon réponde sur la terre, tout
de suite, selon notre demande, mais il a un pied dans
la maison et va le faire savoir.
Le démon répond sur la terre, avec puissance, pour mieux nous
enfermer à cause du
pacte.
Prenons un exemple
ordinaire
Quand j’ai besoin de la pluie, je peux m’adresser à Dieu par une prière.
De toute façon, Dieu répondra comme il le voudra. Supposons qu’il ne me
donne pas la pluie. J’ai vraiment un comportement religieux si je
demeure ferme dans ma foi en lui, et en paix devant sa libre décision.
Au contraire, quand j’ai besoin de la pluie, si je suis convaincu qu’il
me suffit de réciter une formule pour obliger Dieu - ou bien une
divinité, un esprit, voire le diable - à faire pleuvoir, je suis alors
en plein comportement superstitieux et magique.
Une personne a un
comportement religieux :
+ quand elle croit en Dieu, l’adore, le loue, le bénit, le remercie,
+ lui demande pardon de ses péchés en les confessant,
+ compte sur lui en lui remettant sa vie sans conditions;
+ et s’abandonne à son amour avec une confiance totale.
Et, quand elle le prie, elle n’a jamais l’idée de le forcer par cette
prière, ou de le plier à sa propre volonté,
mais seulement d’obtenir la grâce nécessaire pour s’ajuster elle-même à
ce que lui veut.
En revanche, un
comportement magique se traduit par :
- le recours à des formules déterminées : des rites, des gestes, des
philtres, des amulettes ou des talismans,
- afin de se protéger du malheur et d’attirer la chance
- ou d’acquérir un pouvoir et une maîtrise extraordinaires sur la
réalité.
Et en asservissant des forces occultes (c’est-à-dire cachées, et dont on
ignore la provenance),
* on cherche à FORCER le cours des événements,
* à avoir une influence, un POUVOIR sur les autres à son propre avantage
ou à l’avantage des personnes demandeuses.
On ne met jamais la
main sur Dieu. ---> Celui qui va répondre à mon
rituel ou à mon engagement occulte risque bien d’être… le démon.
En tout cas, ce n'est pas Jésus. Il a dû déjouer certaines attitudes
magiques des gens, par exemple après la multiplication des pains : « A la vue du signe qu'il venait de
faire, les gens disaient: "C'est vraiment lui le prophète qui doit
venir dans le monde. » Alors Jésus, se rendant compte qu'ils allaient
venir s'emparer de lui pour le faire roi, s'enfuit
à nouveau dans la montagne, tout seul. » (Jn 6,11-15)
La foi et la magie sont deux démarches
opposées et inconciliables.
IL FAUT CHOISIR, CAR TOUTE MAGIE EST INCOMPATIBLE AVEC LE BAPTÊME
CHRÉTIEN.
Le Catéchisme de l’Église Catholique dit (n° 2115-2118) : « Toutes
les pratiques de magie ou de sorcellerie, par lesquelles on prétend
domestiquer les puissances occultes pour les mettre à son service et
obtenir un pouvoir surnaturel sur le prochain - fût-ce pour lui
procurer la santé, sont gravement contraires à la vertu de religion. »
Jésus nous a prévenus : des gens
peuvent sembler faire des miracles, mais, en fait, commettent le mal.
« Ce n'est pas en me disant :
"Seigneur, Seigneur", qu'on entrera dans le Royaume des Cieux, mais
c'est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux.
Beaucoup me diront en ce jour-là : « Seigneur, Seigneur, n'est-ce pas
en ton nom que nous avons prophétisé ? en ton nom que nous avons
chassé les démons ? en ton nom que nous
avons fait bien des miracles ? » Alors je leur dirai en face
: "Jamais je ne vous ai connus ; écartez-vous de moi vous
qui commettez le mal. » (Mt 7,21-23). C'est très
frappant de trouver dans ce passage de l'évangile, dans la bouche de
Jésus, la juxtaposition entre le mot "miracle" et le mot "mal"...
"La démarche magique est le contraire de la saine guidance
spirituelle et de la conversion à Dieu dans laquelle l'homme trouve la
confiance en ses ressources et en la vie.
La démarche magique est aussi le contraire de la prière, dans
laquelle l'homme s'abandonne à une puissance d'amour et de paix, et
s'en remet à la volonté du Dieu d'Amour. La magie fonctionne comme
une recette, comme un catalogue de vente par correspondance: on
passe sa commande pour obtenir avec acharnement tout ce qu'on veut.
Dans la prière, on attend d'être exaucé, en rendant grâce, si notre
demande va dans le sens de l'amour et du bien que Dieu veut pour
nous. Par la magie par exemple, des gens demandent la défaite, la
ruine ou la mort de leurs ennemis, alors que, dans la prière, Dieu
n'exaucera jamais une telle demande, contraire à l'amour, qui
rejette le pardon et la miséricorde. La pensée magique veut
commander à autrui, à la vie et même à la mort. La prière est un
lâcher-prise de l'homme qui s'en remet à la volonté de Dieu la Père
qui promet le bonheur de chacun."
(Jean PLlYA, Le combat spirituel, «
Résistez au diable et vous serez libres», Saint Paul, 2014, page 48)
Si vous souhaitez lire une réflexion plus élaborée, je vous invite à
lire une lettre pastorale des évêques de Toscane, de 1994, intitulée Magie
et démonologie. Vous
la trouvez sous ce lien.
Invocations
magiques ou prières ?
Voici deux
petits critères qui montrent que la prière chrétienne a glissé dans la
magie :
* Lorsqu'on fait "d'amicales pressions" sur Dieu, en jouant sur la
crédulité des gens avec un zeste de superstition. Voyez par exemple :
- cette
prière typographiée en forme de croix
* Voici le témoignage d'une personne qui cherche sincèrement la lumière
par rapport à toutes ces prières qui semblent chrétiennes, mais qui sont
rédigées dans un esprit magique, ou qui sont carrément des formules
magiques. Son
interrogation est longue, c'est pourquoi je la mets sous ce lien.
Le champion toutes catégories des recueils de prières devenues
invocations magiques est un certain Abbé
Julio.
Nous lui consacrons une page particulière juste après celle-ci.
> Avant sa mort,
elle m'a appris une prière. Je la dis dans ma tête et cela
semble stopper les brûlures... LIRE
LA SUITE...
> Une lettre
"culottée" ! Je trouve dommage que les guérisseurs comme moi et
d’autres ne fonctionnent pas encore avec les membres du clergé!
Il est vrai que beaucoup de personnes se servant de formules magiques ou
de magnétisme guérisseur sont de bonne foi... LIRE
LA SUITE...
> Cet homme est agriculteur. Il a
une femme lourdement handicapée de la maladie de Lime. Il me dit au
téléphone : « Nous avons rencontré quelqu’un de bien, proche de
l’Église, qui guérit… Il dit qu’un évêque l’a reconnu… il va à
Lourdes… Il prie et utilise sa main…
Il fait du bien aux gens… D’ailleurs quand
il a eu touché les jambes de ma femme, elle a eu les pieds
chauds le soir, alors qu’ils étaient toujours froids… » Il a eu
aussi d’autres contacts pour sa ferme…
Bel exemple de magnétisme guérisseur camouflé sous des prières, et de
garanties ecclésiales douteuses. Une personne laïque qui prétend prier
en imposant les mains, en se déplaçant ici ou là, tout en se prétendant
pratiquante, exerce quasiment toujours le magnétisme guérisseur...
> Cette personne se
plaint de problèmes de sommeil
depuis toujours, un sommeil agité ou presque nul. Elle a
mal à la nuque ; a des symptômes
de peur, d’anxiété, elle a fait autrefois une dépression.
Enfant, elle avait des tics. On l’a
alors emmenée chez un guérisseur qui
a frictionné sa nuque avec une eau de lavande. Depuis, elle
ne dort presque plus, elle a besoin de bouger car elle
a mal à la nuque. Son papa
possédait des formules pour les brûlures, les hémorragies, et il
les a donnés à sa fille ; mais elle ne les a pas utilisées,
et les a brûlées. Du côté de sa grand-mère maternelle, il se peut
qu’il y ait eu des capacités de médium...
> Et encore, ce témoignage. Cette
personne est très malade; elle s’est
fait toucher la nuque par un désenvoûteur avec de l’eau bénite,
et depuis elle a mal à la nuque...
Il convient toujours d'être prudent, et de ne pas se laisser toucher
physiquement par des guérisseurs : d'une part, ils peuvent dégager du
magnétisme guérisseur; d'autre part, ils peuvent utiliser ce qu'ils
appellent de "l'eau bénite" et qui n'est que de l'eau magnétisée par
leurs soins...
Comme on le voit, rien n'est simple ! Mais faisons attention à la
"scrupulite" ! Il faut éviter de se
laisser constamment obséder par le mal possible, et garder
grande confiance dans la prière de foi qui s'adresse au Seigneur Jésus,
en toute simplicité, et dans les sacrements de l'Église.
Comment
situer la prière pour les malades dans l'Église ?
LA PRIÈRE DE LIBÉRATION accompagne l’annonce de l'Évangile. Jésus
ressuscité envoie ses apôtres en mission : «
Allez dans le monde entier, proclamez l'Évangile à toute la création.
Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé … Et voici les signes qui
accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les
démons… ils imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris
» (Mc 16,15-18).
La demande de la guérison des malades
prend tout son sens dans le cadre de l’évangélisation. Voici
cinq lumières importantes sur la prière pour la guérison.
Jésus appelle à lui
les Douze et il se mit à les envoyer en mission deux à deux… Étant
partis, ils prêchèrent qu'on se repentît; et ils chassaient beaucoup
de démons et faisaient des onctions d'huile à de nombreux infirmes et
les guérissaient. (Marc 6, 7.12-13)